...Pierre MOLLO nous a parlé de la vie dans l’eau, du plancton à des néophytes, lors d'un atelier de la Coopérative Chrysalide (Pont-l'Abbé, 29) qui avait comme sujet « la coopération ». Il a mis sur la table le lien entre la qualité de l’eau et la réalité socio-économique de nos côtes bretonnes.
Il nous(*) a fait savoir que :
"Le plancton est multiple et unique à la fois. Multiple dans ses formes, ses fonctions, ses associations. Unique, en tenant le premier rôle dans le chaîne alimentaire, unissant le micro et la macro pour la vie marine et terrestre. Justement regardons la mer, l’océan, l’immensité.
Il nous(*) a fait savoir que :
"Le plancton est multiple et unique à la fois. Multiple dans ses formes, ses fonctions, ses associations. Unique, en tenant le premier rôle dans le chaîne alimentaire, unissant le micro et la macro pour la vie marine et terrestre. Justement regardons la mer, l’océan, l’immensité.
La présence de certaines familles de phytoplancton, les Biddulphia par exemple, nous indique une qualité d’eau marine exceptionnelle pour atteindre une excellence dans les produits de l’ostréiculture. Il nous faut dénicher les perles rares des algues unicellulaires qui font le repas quotidien de nos huîtres. Nous observons, dans nos prélèvements, la présence de plus en plus accentuée d’une diatomée du genre Odontella (sous-ordre des Biddulphinées).
On la rencontre au niveau des zones côtières de différents océans. Elle possède des facultés d’acclimatation exceptionnelles. Dans ce genre Odontella, des acides gras Omega 3 sont présents. Or, les Omega 3 ont un impact bénéfique sur l’organisme humain en contribuant par exemple au bon fonctionnement du système cardio-vasculaire.
Les huîtres filtrent l’eau afin de se nourrir de phytoplancton, et la présence de Biddulphia dans l’eau provoque une augmentation de la concentration en Omega 3 dans la chair des coquillages. La température et l’oxygénation de l’eau jouent un rôle déterminant dans le mécanisme de concentration des éléments dans la partie charnue de l’huître. Il a été également constaté que la présence de la micro-algue Odontella favorise le développement des macro-algues et contribue ainsi au maintien de la biodiversité végétale des écosystèmes côtiers, facteur important pour les réseaux trophiques des milieux.
La qualité sanitaire des eaux marines dépend de la qualité et de la diversité du phytoplancton. Nous avons tous entendu parler des bien-faits des eaux marines. La mer possède un pouvoir antibiotique lié à des sécrétions d’origine biologique. Il a été démontré que certaines diatomées étaient capables de produire des substances antibiotiques et bactéricides, et notamment les genres : Chaetoceros, Skeletonema, Ditylum, Rhizosolenia, Nitzschia, Thalassiothrix, Melosira. Ces genres sont souvent présentes dans nos observations planctoniques.
De la qualité du phytoplancton des milieux de production dépendra le développement des maladies virales et bactériologiques chez les huîtres et les palourdes.
Il existe des relations inter-spécifiques, notamment avec les microorganismes, qui concourent au bon équilibre du milieu marin. Un exemple, en Islande : l’activité anti-coliforme des eaux correspond aux efflorescences d’une diatomée : Skeletonema costatum . La présence de cette micro-algue peut tuer jusqu’à 10 millions d’Escherichia coli par 30g d’eau de mer.
L’auto épuration, pouvant être ici assimilée à un phénomène de lutte biologique, apparaît comme le résultat de l’activité biochimique des êtres vivants aquatiques.
Lorsqu’un important changement intervient dans la dominance des espèces, les mesures spectrométriques montrent que le spectre antibiotique de l’eau de mer suit le spectre antibactérien des nouvelles cellules de phytoplancton. Des études menées en 1970 par les équipes du Professeur AUBERT du CERBOM de Nice (Centre d’Etudes et de Recherche de Biologie et d’Océanographie Médicale) confirment que les caractéristiques chimiques de l’eau de mer et du plancton y vivant évoluent parallèlement.
L’observation d’une autre famille de phytoplancton, les navicules (diatomées pennées), nous rappelle l’histoire de l’ostréiculture traditionnelle qui a su maîtriser ces micro-algues dans les anciennes salines, « les claires ». Ces navicules se multiplient dans les milieux estuariens en automne et sont à l’origine du verdissement des huîtres, phénomène bien connu des ostréiculteurs préparant les ventes de fin d’année avec leurs « les fines de claires ». A cette saison, du déclin naturel des organismes chlorophylliens résulte la mort des feuilles d’arbres. Ces dernières prennent des teintes variées allant du jaune au roux, les navicules quant à elles se colorent en bleu-vert.
La présence successive et croisée des navicules, Odontella, Skeletonema et autres phytoplanctons dans un milieu nous donne l’occasion de mettre l’accent sur les saveurs et le goût particulier des huîtres. Le suivi régulier par les professionnels de l’évolution et du développement du phytoplancton dans les milieux est la garantie aux consommateurs d’une « Excellence » dans la qualité des produits ostréicoles.
En conclusion, voilà de bonnes raisons pour nous appliquer à suivre régulièrement la qualité du plancton. Les micro-algues sont des indicateurs de qualité des eaux, et la présence de certaines favorise la production ostréicole et est un atout incontournable pour la hisser à la hauteur de sa réputation. Malgré cette note encourageante, il faut être vigilant. Au regard de ces observations, il apparaît évident qu’un abaissement de la qualité des eaux entraînera un déséquilibre des écosystèmes phytoplanctoniques préjudiciable à la qualité des produits de la Conchyliculture. Les causes d’un tel déclin pourraient être des charges trop importantes sur les parcs d’huîtres, des apports excessifs de sédiments par ruissellement, ou encore certaines pratiques agricoles.
Extraits de la conférence de P.Mollo, UTL de Concarneau 02/06/09 | Le zooplancton est une autre histoire. Nos amis pêcheurs professionnels côtiers connaissent les richesses et l’influence de leur présence sur la ressource. Les informations existent sur l’évolution de ces microorganismes zooplanctoniques. La pêche à la ressource d’infos est ouverte et la restitution sera au rendez-vous…" Texte par Pierre Mollo |
(*) Membres de la Coopérative d'activités et d'emploi Chrysalide